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26 mai 2012 6 26 /05 /mai /2012 04:15

Hum, ça faisait longtemps que j'avais pas été fière d'un texte comme ça

écrit en atelier d'écriture, en quelques minutes

d'après la phrase de Michaux qui me sert de démarrage

"Un jour j'arracherai l'encre qui tient mon navire loin des mers"

 

D'après la phrase de Michaux

« Un jour j'arracherai l'ancre qui tient mon navire loin des mers »

 

Un jour, j'arracherai l'ancre qui tient mon navire loin des mers.

Je partirai à l'aventure,

Loin du barratin, du tintouin, des flonsflons du 14 juillet

Loin de l'étouffé, des simagrées,

Loin des longs sanglots, des petits grelots, des escargots

Loin des adieux en larmes, des bonjours aux armes, du salut des âmes

 

Je quitterai mon père, je quitterai ma mère

Pour parcourir les mers

Pour rencontrer les secondes

Pour chevaucher le monde

 

Je me sentirai libre,

Affranchi de la routine

Affranchi des quolibets des vieilles voisines

Affranchi de l'amertume de mes frangines

 

Je vivrai la planète

Au rythme des vagues, des dérives, des soubresauts

Au gré du vent et du firmament

 

Et puis je reviendrai

Fatigué de ces voyages

Usé, hors d'âge

Mais plein de la sagesse des paysages

Plein de la musique des hommes

qui ne voyagent pas mais qui savent accueillir

Plein de ceux qui sourient et ouvrent les bras

 

Je rentrerai usé,

Comme un homme aux mille visages

Je rentrerai la peau humide

Des saveurs de la nuit

Du crépuscule qui apporte l'ivresse

 

Je pourrai mourir alors,

De la vie remplie qui a défilé

De la mort qui se savoure

Aux bercailles, enfin, de retour.

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9 avril 2008 3 09 /04 /avril /2008 06:43
Pour comprendre de quoi il retourne, il faut lire cet article :
http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=84173


Hmmm... Je suis dubitative...
Il faut dire que c'est ma partie, alors je suis peut-être pas objective !
C'est dire beaucoup de lieux communs en beaucoup de mots...
Les organismes moribonds de la francophonie sont effectivement et depuis bien longtemps
des coquilles vides, post colonialistes qui servent juste de bonne conscience à l'exploitation
marchande post coloniale de la France. (lire à ce sujet la Françafrique de Verschave a été une super claque enrichissante parce qu'il démantèle point par point).
Ces organismes sont dans une sclérose évidente, pour avoir fait un stage au Haut conseil de la Francophonie, je sais de quoi je parle !
Que les journalistes ne connaissent rien à la richesse de la réalité francophone actuelle, soit.
Mais ça veut pas dire que personne ne connait, que la dynamique n'existe pas et n'est pas
reconnue (le milieu universitaire en France, des prix littéraires, des salons sur la littérature francophone,
des revues spécialisées, des librairies spécialisées, y'a de quoi faire)..
Je pense que les gens connaissent encore moins les organismes de la Francophonie
que des auteurs francophones !
Nous (les français) sommes en plein échec, dans notre lecture du monde,
de notre compréhension de la richesse paradoxale de ce que nous avons créée,
englués dans notre refus d'assumer notre culpabilité coloniale tout en préservant
(ou tentant de préserver) une hégémonie d'exploitation dans nos anciennes colonies.
Le bilan est sombre, bien trop pour que nous sachions nous décoller de notre nombril
pour admirer l'Autre, et son identité complexe, sa richesse qui nous dépasse.

Ah, j'avais autrefois le rêve un peu fou de créér un espace culturel de ces "francophonies"
(même le pluriel ne suffit pas à exprimer mon désaccord avec ce mot fourre-tout)
cinéma, bibliothèque, librairie, lieu de rencontres, parce que nous avons tous besoin de cet oxygène.
Lorsque j'ai postulé à un DESS interculturel avec ce projet, je me suis faite laminer par une femme
qui m'a dit que sans avoir lu mon mémoire, elle pouvait d'ores et déjà dire que je n' avais rien compris au problème. Alors la bécasse garde ses idées, gentiment broyée pour le système.

Pour ce qui est de l'article, selon moi, il ne va pas assez loin.
Il n'explique pas suffisamment la position de l'auteur. Se servir d'un "il" pour parler de soi n'aide pas.
Je crois que frapper du poing sur la table est nécessaire, la question est peut-être de le dire autrement,
de ne pas caricaturer trop ni un côté, ni l'autre... Les interlocuteurs intelligents existent, je l'affirme,
comme pour tout en France, c'est rarement dans les médias ou au pouvoir qu'on les rencontre.

Le débat est ouvert et ça c'est bien!
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18 février 2007 7 18 /02 /février /2007 16:36

Ecriture en atelier : Ecrire à partir d'un tableau

Lundi 20 mars 2006,

Le désordre en moi, ça déchire, ça taille, ça tiraille. J'ai eu une vie bien lisse, bien propre, bien nette. 20 ans des études - 25 ans un mariage - 30 ans un enfant - 35 ans un deuxième - 40 ans une maison à nous - 45 ans ça tire, tout se déchire. Fini le lisse, le propre, je ne vois plus que les failles. Quand je me regarde, je mesure tout ce à quoi j'ai renoncé, mes rêves s'incarnent sur ma peau nue, le désir des autres en moi, sur moi imprimé, je vois mes rêves qui se consument, les pages noircies tatouées sur mes pieds. La souffrance ne m'a pas usée, elle hurle, ça déchire, ça tire encore. Ce qui renaît maintenant c'est le bouillonnement intense, la flamme ravivée, celle de l'inconnu des autres, les aventures de soi. Je ne veux plus du lisse, du reflet mensonger de la vie réussie, lisse. Mes enfants je n'ai pas su les élever, ma maison si propre, si morte, pas de poussière, rien qui bouge, rien qui dépasse. Un mari qui court après l'usure du temps.Une vie réussie, vide comme un cercueil. J'ai eu peur de ne pas obtenir, parvenir, remplir. Les mots se sont désséchés. Il ne reste qu'un reflet trompeur parce que j'ai tourné le dos à ma vie. J'ai flétri mes rêves en les baillonnant, en les masquant de réussite sociale. ça tire, ça hurle de ce qui repousse, de ce qui n'a pas été tû, tué. Ma vie est un revêtement incolore, inodore. Je ferme les yeux, je compte jusqu'à trois, mon corps va disparaître.

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15 février 2007 4 15 /02 /février /2007 18:09

Passé simple

Il y a des signes que l'on ne comprend que bien plus tard. Peut-être au moment où l'on a nous-mêmes envie d'émettre ce signe... de le retransmettre, de le répercuter, de s'en faire l'écho. Nous ne sommes plus alors que transparence, qu'un maillon de chaîne. Le sens résiderait d'ailleurs peut-être uniquement dans cette acceptation de n'être qu'un élément d'un grand tout...

C'était il y a dix ans. J'avais l'impression de vivre les meilleures années de ma vie, de "nager" dans le bonheur. Ma vie était facile, simple. Il y avait quelque chose de rassurant dans ce quotidien épanoui. Chaque jour était vécu comme si c'était le premier, et pourtant presque toujours le même. Le réveil à 6h50, la douches 9 minutes plus tard, le bus de 7h43, le métro vers 8h... La sonnerie du collège qui rythme la journée, les heures défilant sans cesse, sans précipitation. Le retour chez soi, préparer le repas, partager des instants en famille,les peines, les joies, les tracas du quotidien. Les saisons changeaient mais le rythme était le même. Je vois maintenant comme il était difficile de m'arrêter, d'écouter les signes.

C'était un jour d'automne, il était 7h40, j'attendais le bus. J'étais pour une fois en avance de quelques minutes sur mon horaire habituel. Je me suis assise sur le banc métallique de l'arrêt du bus. Une sensation très désagréable, à la fois d'humidité et de froid glacial m'a saisie quand mon corps a touché l'assise du banc. Je me suis sentie pétrifiée, incapable de la supporter davantage et en même temps, incapable de me lever. J'ai laissé le bus passer et repartir. Une femme femme s'est approchée de moi. Mon visage devait exprimer mon désarroi. Elle ne m'a pas parlé, elle a juste tendu la main, silencieusement, sans précipitation. J'ai eu un instant d'incrédulité. Je ne comprenais pas son geste, ni ce qu'elle attendait. Il était tôt, je me sentais engourdie, incapable de saisir le sens de ce que je vivais. Je la fixais sans comprendre. Elle était brune, probablement maghrébine, c'est du moins la réflexion que je me suis faite en regardant les traces de henné sur ses mains. Elle n'a pas dit un mot. J'entends encore ce silence si intense entre nous. J'entends aussi le vent dans les arbres, les voitures passant près de nous, indifférence réciproque. J'entends les rires des enfants se dirigeant vers l'école toute proche. Elle a fait un geste de la main qui nous a sorti de cette sorte de torpeur. Elle me tendait un livre, indiquant par ce geste brusque et léger qu'elle souhaitaitme le donner. J'ai accepté sans un mot. J'ai pris le livre avec précaution, de mes deux mains. Je me suis fait la réflexion que tout cela m'échappait, que mes gestes étaient étrangement cérémonieux, étrangement sereins. J'avais accepté ce don, ce livre, cette femme avec une simplicité déconcertante. Le temps que je me rende compte de ce qui venait de se produire, la femme était déjà repartie. Je n'ai pas pensé à la rattraper, à lui parler. J'ai mis le livre dans mon sac et j'ai pris le bus suivant, celui de 7h55. Dans le métro, le temps a repris sa course. Il fallait que je me dépèche pour rattraper mon retard. Je n'aurais pas le temps de boire mon thé du matin, de discuter à cette occasion avec mes collègues avant de regagner ma salle de classe.

Aujourd'hui, mon fils est venu dîner à la maison. Je lui ai transmis mes petites manies : La première chose qu'il fait toujours en arrivant chez moi, c'est parcourir du regard ma bibliothèque. Il a eu un regard étonné.

" Tu as rangé tes livres ? Celui-là, je ne le connais pas, il n'était pas à cet endroit la semaine dernière..."

- Tu as raison, je l'ai posé ici pour l'instant. Il n'est pas à moi...

Nous avons déjeuné sans autres commentaires sur ce livre auquel j'avais reprensé, un peu par hasard.

Le lendemain à 7h40, je me suis dirigée vers l'arrêt de bus où l'on m'avait donné ce livre quelques années plus tôt. J'ai pris de le temps d'observer qui était assis, qui pouvait recevoir ce livre, en comprendre le message. J'ai vu un homme qui avait l'air un peu perdu dans ses pensées. Il n'a pas levé les yeux quand je me suis approchée, certain de n'attendre personne. Je lui ai tendu le livre, sans un mot et je suis repartie. J'ai pensé à tout ce que j'aurai voulu lui dire, lui transmettre de ce que m'avait révélé ce livre, de tout ce qu'il avait changé en moi et dans ma vie. Mais à quoi bon, il suffisait de lire. J'ai souri en pensant que j'étais devenue l'écho de cette femme. J'avais transmis Le Passé simple.

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9 février 2007 5 09 /02 /février /2007 22:28

Elle entre, un jour de fatigue, usée par les mots faciles, les ressentis heurtés. Elle pousse cette porte, n' espérant pas grand-chose. Un rien de plus qui anime un après-midi morose.

- C'est pour emporter, mais une consommation rapide. Je préfèrerais un petit format, quelque chose de court, qui se dévore vite. Mais quelque chose de bon, quand même. J'ai des critères un peu surprenants...

- Ce sont des critères tout aussi valables que bien d'autres. J'ai ce qu'il vous faut.

Il lui a tendu un livre qu'elle n'aurait jamais choisi, elle. C'est suffisant pour l'emporter mais elle jette un coup d'oeil de confirmation sur la quatrième de couverture...

- C'est parfait, je le prends. Je crois que vous ne pouviez pas mieux me conseiller :" c'est le choc de deux mondes, une histoire d'amour et de guerre, une alchimie merveilleuse qui tisse le roman de fils impalpables. Des voyages longs et dangereux, des amours impossibles qui se poursuivent sans jamais avoir commencé, des personnages de désirs et de passions, le velours d'une voix..." Tout ça me parle étrangement, ah, les amours avortées qui vivent encore... Parce que les hommes sont avant tout des lâches...

- Que pourrions-nous dire de vous, les femmes ?

- Des connes... Bien, nous voici bien péremptoires, le monde est là, classifié dans toute sa mesure...

Elle sourit en se dirigeant vers la porte et ajoute :

- Vous savez, je ne suis pas comme ça tous les jours, hein. Je sais bien que c'est différent, qu'il existe des gens extraordinaires, je ne les rencontre pas, c'est tout.

- Si vous les rencontrez, mais ils ne sont pas TOUT LE TEMPS extraordinaires.

- Ah oui, quelle sagesse. Je suis encore piégée par mon goût de l'absolu. Vous venez d'avoir une parole de grande sagesse, je tâcherai de m'en souvenir. Merci.

 

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3 février 2007 6 03 /02 /février /2007 22:02

Les soirs où l'amertume prend le dessus.

Les soirs où je me sens impuissante. Nez à nez avec la médiocrité environnante, les petites peurs glaciales de chacun. Chacun chez soi, prisonnier de ses angoisses. Combien de lumières dans ma résidence éclairent ceux qui sont seuls devant leur télé, face à ce désespoir quotidien.

Comme une petite mort, le cri gronde en moi. Je voudrais promettre aux autres que je serai différente. Que nous pouvons tous changer notre regard, inverser les images. Etre à l'écoute de ce qui nous tend la main, peu importe les conséquences. Parce que la raison nous pousse à l'emprisonnement réfléchi. Je voudrais pouvoir dire que je n'ai pas peur, que tout est naturel, simple. mais j'en suis incapable, moi-même enmuré par le regard des autres, par leur distance préférable. C'est la souffrance qui affleur alors, qui prend toute la place.

En moi l'amour en creux, le regard qui a manqué, qui ne m'a pas nourri suffisamment petite. En moi le regard des autres comme des couteaux qui déchirent mes entrailles peu importe quand, peu importe comment. Jamais assez réparateurs, jamais assez justes, jamais vraiment à mon écoute. Il est si facile pour moi d'entendre la petite voix du désespoir. La ritournelle  m'a tellement bercée, accompagnée. J'ai toujours cru qu'elle était même mon identité puisque j'étais incapable de ne pas être cette enfant en attente, là à l'intérieur. Encore maintenant, dans la solitude, la pénombre recouvre mes espoirs, ma vie si jolie, j'oublie ce que j'ai construit depuis tant d'années et je me renferme dans cet univers rassurant de celle qui n'est pas vue, aimée, rencontrée comme elle le voudrait, comme elle le mériterait. Curieux besoin d'étreindre encore dans l'obscurité, le coeur de la névrose.

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2 février 2007 5 02 /02 /février /2007 18:30

Il y a tellement de choses que l'on ne peut pas retranscrire... Les moments choisis, les moments durs durs comme des figures imposées. Chuter sans cesse comme les patineurs pour y arriver ne serait qu'une fois ?

Le plaisir des mots, profondément. Ancré et guidant mes convictions continuellement. Je ne sais pourquoi mais quelque chose a été réparé en moi hier soir. Dans le creux de ce que l'on a à être. Les mots coulent, hémophiles... J'entens là, à l'intérieur des réponses qui appaisent. Je ne sais quoi, je ne sais pourquoi. Ce n'est pas ma raison qui peut justifier, analyser, comprendre mais j'ai trouvé quelque chose de juste, d'âme à âme. J'ai l'impression de ne rien comprendre, et de ne pas avoir à comprendre. Est-ce bon que les choses m'échappent à ce point ?

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14 janvier 2007 7 14 /01 /janvier /2007 23:29

Texte 1 Sur le quai d'un métro

 

Contraintes : écrire avec un lieu et des personnages déterminés

Trouver une forme qui aide à transmettre ce que l'on veut dire.

Pour moi, il s'agissait de parler des solitudes qui se croisent sans se rencontrer dans les lieux les plus peuplés... J'ai donc travaillé sur des monologues intérieurs que le public peut entendre au fur et à mesure. Toutefois, pour bien comprendre que personne ne se parle, j'ai eu l'idée de faire s'entrecroiser la dernière phrase d'un monologue avec la première de celui qui suit. Les phrases soulignées doivent donc être prononcées en même temps. Le texte est à retravailler, il manque notamment le personnage à la chapka...

Personnages

- Le frère d'Alain Delon, petit, livide, moumoute

- Dame, foulard, lunettes de soleil

- Homme, chapka, fumeur

- Femme, quarante ans, bourrée, habillée avec des couleurs très chatoyantes, disant "C'est bizarre qu'il y ait autant de monde ce soir, Y'a rien de particulier"

- Mec avec une passoire sur la tête

- 2 téléphones pour la même fille

Dame, foulard, lunettes de soleil

- Je le prends, je le prends pas ? Courir après le temps, chaque jour faire la course avec soi même, comme les autres. Je les regarde monter, descendre, courir, marcher, prendre le train, attention ça sonne. Le glas de ma fin ? il a dit "Tu as la crise de la quarantaine insupportable, j'en peux plus" mais j'ai cinquante cinq ans... Je les regarde, qui me tendrait la main si j'appelais au secours. Chacun dans son monde coupé des autres.

Le frère d'Alain Delon, petit, livide, moumoute

- Je suis le frère d'Alain Delon. ça me donne de l'importance, c'est sûr, moi non plus, je ne suis pas n'importe qui. Alain Delon, le grand acteur, tout le monde le connaît, tout le monde l'admire. C'est important le notoriété, le talent. Il n'est jamais seul avec toutes ces femmes qui le désirent. Je suis son frère, ça veut dire que je ne suis pas n'importe qui.

Mec avec une passoire sur la tête

- J'avais envie de faire le malin, mais là, j'ai vraiment l'air con. Un pari avec Eugène, c'est toujours pareil, on se défie, qui ira le plus loin ? T'es pas cap ?...

T'es pas cap de te balader à poil place de la Concorde, t'es pas cap de te faire passer pour Chirac au téléphone. Eh bah, Eugène, chuis cap de passer pour le dernier des tarés avec ma passoire sur la tête. Et le pire, c'est sûrement que personne ne m'en parle, ne me demande pourquoi j'ai ça sur la tête, tout le monde fait comme si c'était normal.

Le frère d'Alain Delon, petit, livide, moumoute

- Mon frère c'est un grand, il a joué avec des tas de célébrités. Il a cotoyé la mafia. Oui, c'est quelqu'un, il a même couché avec Sissi l'impératrice. Je suis son frère, ça veut dire que je ne suis pas n'importe qui.

Femme, quarante ans, bourrée, habillée avec des couleurs très chatoyantes, disant "C'est bizarre qu'il y ait autant de monde ce soir, Y'a rien de particulier"

- C'est bizarre qu'il y ait autant de monde ce soir, y'a rien de particulier. Peut-être que 'jai trop bu, que je les vois double. C'est si bon l'ivresse. Tout oublier. ça fait sourire, ça donne de la chaleur, de la liberté. Je ferme les yeux, ça ondule fort, faut que j'rouvre les yeux si je ne veux pas sombrer, basculer. C'est un des seuls moments qu'il vaut mieux vivre seul qu'accompagné.

La fille aux deux téléphones

- Je vais lui dire que tout n'est que professionnel entre nous. La preuve, il est enregistré dans mon portable professionnel. C'était bien gentil de me dire tout ça mais bon, j'en fais quoi maintenant ? Y'a malentendu... moi, j'ai quelqu'un dans ma vie. Je préfère qu'on en reste là. Comme c'est mièvre cette histoire du "tu m'as plue au premier regard..." Mais tu ne me connais pas, c'est du fantasme, de l'image. Qui je suis, au fond, hein, ça compte pas ? Ce qui t'as plu, c'est rien du tout, le hasard. Pourquoi ? Parce que j'ai souri, parce que j'ai écrit un peu de poésie ? mais ça ne veut rien dire. Je voulais pas faire semblant, comme si tu ne m'avais pas émue un peu, mais je veux qu'on en reste là, c'est préférable. Etre adulte, c'est savoir dire non.

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15 décembre 2006 5 15 /12 /décembre /2006 05:56

Souvent, j'espère que ma vie va changer. Pas différente, juste "plus", plus vivante, plus folle, plus émouvante. J'ai besoin de penser que tout peut changer. Je viens chercher l'espoir. Il y a soudainement le meilleur qui rayonne en moi. J'aimerais attraper les rayons de soleil, le vol des papillons, caresser les oiseaux. Tant de choses me meuvent, m'émeuvent. Pourquoi est-ce que je n'ose en parler ? Pourquoi ne puis-je pas affirmer librement qui je suis ? Loin des futilités et de la matérialité du monde.

Pourquoi est-ce que je ne rencontre pas d'interlocuteur pour tout ça, tout ce qui murmure en moi ? Je me cache derrière ma fierté, derrière mes douleurs, derrière mes soupirs, derrière les mots des autres... Et pourtant, là pas loin, j'attends, comme si cela devait venir de l'extérieur. J'aimerais qu'on me prenne par la main pour me dire "Qui es-tu? Je t'écoute. Montre-moi et je te montrerai, donne-moi et je te donnerai." Loin des engagements, des contraintes, juste un échange fait de liberté et d'envie.

Tony me demandait l'autre jour d'où provenait ce désir des femmes d'entendre parler les hommes de leurs sentiments, de ce qu'ils pensent, sans cesse, sur tout. Mais n'est-ce pas le moyen de rencontrer l'autre, d'entrer réellement en contact avec la nature profonde de chacun ? En regaardant qui est l'autre, n'est ce pas la meilleure manière de déterminer qui on est soi ? Ne serait-il pas beau de penser que chacun a à donner aux autres le plus intime mais aussi le plus fort de lui-même. Dans ces moments, je me sens invincible, prête à donner pour mille, peu importe ce que je reçois.

Alors je pose un regard patient, amusé et posé sur le monde qui vit autour, sur ce café qui va changer dans quelques semaines. Je viens de capturer les images, d'emprisonner ce lieu en moi. J'y ai vécu tant de choses ces derniers mois. Une tanière disparaît. Je suis contrainte de passer à autre chose. Pour moi, cela sera difficile parce que j'ai encore besoin d'un refuge pour écrire, pour me retrouver, pour me disséquer. J'ai écrit des milliers de mots ici, j'ai vu des centaines de visages. La vie qui vit, le temps qui file, qui change. Comment vais-je faire à présent ? Si je devais arrêter le temps dans ce lieu, je le ferais sans hésiter. Combiend e fois ai-je levé le nez de mon carnet pour regarder et enfoncer en moice que je voyais, ce que je ressentais. La sécurité que je n'avais jamais ressentie, je l'ai vécue un peu ici...

Comme il est dur de voir disparaître ce que l'on est pas sûr de revivre...

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8 décembre 2006 5 08 /12 /décembre /2006 06:36

MadiKoulé a quinze ans, un regard intelligent.

Son visage est souvent inexpressif, impassible volontairement.

Il appartient à une grande famille de griot, mais ici, personne ne le sait. Il marche la tête haute.

Sur ses yeux et en dessous, des tâches de naissances discrètes lui donnent l'air d'un clown triste.

Enfant, il se sent différent. Il masque sa souffrance, s'entête souvent et n'essaie presque jamais.

Dans la cour, il hurle aux quatre vents. Je le regarde de manière apaisée et j'aimerais pouvoir le protéger.

Nous sommes tous assis. Leur courroux l'accable. Les mots tombent drus, condamnation sans appel.

Ses larmes coulent... "Larmes de crocodile", "Madikoulé est uniquement piqué dans sa fierté, ce n'est

pas pour ça qu'il se mettra au travail demain"...

Certainement, mais c'est un refuge, que faisons nous pour l'aider ?

Je ne savais pas quoi faire devant cette détresse, ces phrases définitives. Je n'aime pas que l'on parle

comme cela. Je n'ai pu que tendre un mouchoir. Il y a en moi la conviction qu'ils se trompent, que

Madikoulé est immature, mais seulement cela. Son âme est digne et belle comme un guerrier Masaï.

Il joue à être incopris, différent. N'est ce pas une manière d'exister enfin dans notre regard ?

Il joue avec son image de condamné, mais il est là, il n'est pas loin, dans le sourire échangé.

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